Antiquité
La vigne cultivée, comme l'olivier, arrive en Provence à la création de Massalia par des marins commerçants grecs venus de Phocée entre 620 et 600 av. J.C. Le mariage d'Euxénos, le chef des colons grecs, avec Petta, la fille du roi des Ségobriges, le peuple celto-ligure en place, scelle la fondation de Massalia.
Quatre siècles plus tard, Rome entrainera la culture de la vigne dans sa conquête de ce qui allait devenir la Provincia Romana, la Provence, jusqu'à atteindre la capitale des Gaulles, Lyon, en 50 av. J.-C. A noter qu'il lui faudra encore attendre 120 ans avant de rejoindre Bordeaux en 70 ap. J.-C.
Moyen Age
La vigne va prospérer en Provence jusqu'à la chute de l'Empire Romain d'Occident en 476 ap. J.C., Euric, roi des Wisigoths, conquiert alors Marseille et le Sud de la Gaule. Les premiers monastères, qui ont vu le jour avant la fin de Rome en 417 aux Iles de Lérins (Honorat d'Arles) et en 418 Saint-Victor à Marseille (Jean Cassien), deviennent les garants de la tradition viticole durant le Moyen Age. Les Wisigoths et les Ostrogoths vont tolérer le pouvoir des évêques et l'aristocratie gallo-romaine en place assurant la continuité des cultures et de ce savoir-faire ancestral, puis avec les Mérovingiens et ensuite les Carolingiens, catholiques, l'ordre social existant est maintenu, l'aristocratie foncière et l'église développent la viticulture, motivés par leur devoir d'hospitalité et le prestige. Les moines dans leur infinie sagesse et leur non moins grande application à une dégustation, autorisée quotidiennement, ont joué un rôle primordial dans cette transmission. Ce qui est extraordinaire est que ce retour d'expérience se soit fait sur plus d'un millénaire.
Le Grandes Familles
A la chute des templiers, sous Philippe le Bel en 1307, les commanderies templières reviennent à l'Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem qui deviendra l'ordre le plus puissant de la chrétienté. Les domaines sont revendus à de grandes familles locales ou restent dans le giron de l'ordre qui deviendra par la suite l'Ordre de Malte. A la révolution, ces biens sont confisqués et revendus à de notables qui assurent la pérennité de ces grandes propriétés. Ces domaines deviennent l'apanage des grandes familles et leur apportent un titre de noblesse complémentaire.
Le XIXème, siècle des maladies de la vigne
Avec le XIXème siècle apparaisse les maladies de la vigne : la pyrale de la vigne (années 1830), l'oïdium (années 1850), le mildiou (fin des années 1870) et le redoutable phylloxera à partir de la fin des années 1860. Le phylloxera va anéantir le vignoble jusqu'à sa réapparition grâce au greffage sur des portes greffes américains résistants au début du XXème siècle.
La renaissance au XXème
Création des Appellations d'Origine Contrôlée
AOC Cassis première AOC provençale en 1936 (200 hectares plantés)
AOC Bandol en 1941 (1560 ha)
AOC Bellet en 1941 (58 ha)
AOC Palette en 1948 (40 ha)
AOC Côtes de Provence en 1977 (20100 ha)
AOC Coteaux d'Aix en Provence en 1985 (4120 ha)
AOC Coteaux Varois en Provence 1993 (2630 ha)
AOC Baux de Provence en 1995 (280 ha)
AOC Coteaux de Pierrevert en 1998 (450 ha)
L'émergence du rosé
Les progrès techniques qu'apportent le contrôle du froid en cave et le pressurage pneumatique vont permettre à la qualité des rosés de s'améliorer tout en valorisant leurs qualités organoleptiques des rosés de Provence : des vins délicats et aromatiques avec des arômes d'agrumes, de pamplemousse, de fruits rouges, le tout par une belle acidité fraiche rafraichissante. Le froid et le pressoir pneumatique ont permis d'arriver à un niveau d'excellence dans cette expression des terroirs et vignobles de Provence. La couleur aussi a gagné avec l'arrivée de ces techniques et le consommateur y est très sensible comme un caractère que l'on peut apprécier avant même l'ouverture de la bouteille.
Avec cette amélioration de la qualité et la montée en gamme qu'elle permit, le rosé de Provence vit une demande croissante à l'international aidé en cela par l'arrivée dans la région d'acteurs globaux devenant ambassadeurs du rosé dans le village global.
Massif des Maures
Le Massif des Maures est une relique de la chaine hercynienne datant du Carbonifère.
Il affleure sur la plus belle partie de la côte varoise des îles des Embiez et Sanary à l'Ouest, aux îles d'Hyères au Sud et remonte vers le Nord Est le long de la Côte d'Azur jusqu'à la vallée de la Siagne dans l'arrière-pays immédiat de Cannes. Il se compose de roches sédimentaires détritiques faiblement métamorphisées, les Phyllades, dans sa partie occidentale. Ces Phyllades, flyschs, de Porquerolles par exemple, datent de l'Ordovicien et du Silurien. Elles se sont déposées au pied de l'ancienne marge océanique Nord du Gondwana dans l'océan Paleo-Téthys il y a quelques 400 à 450 millions d'années. Ensuite, en allant vers l'Est, les roches sont d'une origine plus profonde au sein de la chaine de montagne et se composent de micaschistes, de gneiss puis de granites. Ces roches donnent des sols assez claires, assez argilo-schisteux dans les secteurs à gneiss et mica schistes, à plus sableux dans les secteurs à Phyllades, voir des arènes dans les secteurs granitiques.
La dépression permienne et volcanisme associé de l'Esterel
Dans la vallée remontant vers le Nord-Est du Nord de Toulon au Muy en passant par Cuers, Le Luc, Vidauban, puis avec le Massif de l'Esterel, nous trouvons des roches d'origine volcanique, des grés rouges avec des passées conglomératiques, puis les basaltes et rhyolites plus ou moins remaniées du Massif de l'Esterel. Le tout date d'un épisode d'extension continentale au Permien. Ces roches donnent des sols foncés à rouges sombres argilo-gréseux plutôt acides et drainants. Les terrasses de la vallée des Esclans avec un sol argilo gréseux léger et bien drainant en coteaux orientés vers le Sud Est font partie des tous meilleurs terroirs de la région.
Les calcaires de l'Aire Secondaire
Ils couvrent le Nord et l'Ouest de la Provence au dessus de la grande vallée permienne. Ils débutent par les calcaires du Trias à cargneules plus ou moins dolomitisés du centre Var où percent des barres calcaires du Jurassique comme la Sainte Baume et la célèbre Sainte Victoire. Plus à l'Ouest on retrouve les calcaires massifs du Crétacé, les marnes bleues du Gargasien (Aptien, 120 MA) dans les vignobles de Cassis, les calcaires à rudistes du Turonien (90 MA) et les marnes sableuses claires du Santonien (85 MA). Dans les Alpilles on retrouve les vignobles entre les barres calcaires du Crétacé Inférieur.
Les sols de l'Aire Tertiaire
Dans le Luberon, les sols sont d'un âge géologique plus récent, essentiellement du Miocène.
Au dessus de Nice, les vignobles de Bellet se développent sur un sol caractéristique constitué d'un poudingue grossier à matrice sablo-argileuse travail du remaniement par le Var des reliefs préalpins en amont.
Grenache Noir
Cépage typiquement méditerranéen originaire d'Espagne, il
est le principal cépage pour les rouges dans la Vallée du Rhône et les rosés en
Provence. Il apporte aux assemblages des arômes de fruits rouges murs, de la
rondeur, du corps et des tanins souples et peu marqués. Des arômes de cerise
rouge, fraise, cassis, poivre noir et réglisse associé à une belle rondeur et
du corps donnent ampleur en bouche, puissance et gourmandise. Les rosés
profitent de ces arômes gourmands et de tanins légers et fins.
Cinsault
Originaire de Provence, il accompagne le grenache dans les rosés de Provence. Cépage plus tardif il est comme le grenache très résistant à la sécheresse. Il apporte aux assemblages dans les rosés des arômes de fruits rouges frais : groseille, fraise des bois ; tout en souplesse et finesse et en accord avec l'amplitude et le fruit du grenache.
Syrah
Originaire du nord de la Vallée du Rhône, il est principalement vinifié en vin rouge assemblé au Grenache, Mourvèdre et Cabernet Sauvignon. Il développe des arômes de fruits rouges et noirs, framboise, mûre, myrtille, de fleurs comme la violette et d'épices comme la truffe noire, le poivre noir et la réglisse. Il est le cépage principal des rouges en Provence excepté en Bandol où le Mourvèdre est roi.
Rolle
Cépage Corse et Sarde, il est aujourd'hui très bien adapté aux vignobles de Provence et de Ligurie. C'est un cépage vigoureux sensible au vent et à l'Oïdium à maturation tardive. Il donne des vins légers et gras équilibrés avec une faible acidité développant des arômes floraux (aubépine, camomille), de fruits : pamplemousse, pêche de vigne, amande fraîche, poire, pomme rouge. En Provence il peut être assemblé à de l'Ugni Blanc, de la Clairette, du Sémillon ou bien rentrer pendant la fermentation dans la vinification des rosés, jusqu'à 20%, pour apporter gras, fraîcheur et complexité.